CHAPITRE FIVE

VOUS ALLEZ VOIR…


Rarement je me suis laissé cueillir de cette façon soudaine et imparable. Faut dire que la tenue de pasteur de mon interlocuteur (un interlocuteur aux arguments frappants) m’en avait quelque peu imposé.

Moi, sous mes dehors brise-cabane, je suis un type respectueux des hiérarchies. Quand on me lit, on penserait plutôt anarchie ! Eh bien ! non, je suis au contraire soumis à toutes les formes d’autorité. J’ai l’esprit d’Eloi (c’était un frère de maman ; il était brigadier de gendarmerie dans le civil. Quelqu’un de bien : médaille des poilus d’Orient et des poilus Soulébras. Mort de la grippe, comme la plupart des gendarmes échappant à la vieillesse. Bref, une grande figure. De quoi ? That is the question, comme disait Shakespeare qui utilisait les pages roses du Larousse). Quand je vois un général, au lieu de rigoler, comme tout le monde, je me tiens sur mes gardes. Un curé, un pasteur, un rabbin (même un rabbin des bois), un magistrat (qu’il soit debout, assis ou à croupetons), un médecin, un ordonnateur des pompes funèbres (ce sont deux inséparables), un préfet de police, un pompiste de la Shell, bref tout ce qui représente une autorité ou une charge (pour l’Etat) m’impressionne un peu. C’est là une réaction très française.

En l’eau cul rance, ça m’est fatal. J’éternue du raisin. C’est le raisin de la colère ! Je m’ébroue, je renais, je me redresse, je me come colmate, je me maintiens… Et je regarde, de tous mes yeux, like le gars Strogoff avant qu’on lui passe les paupières au fer à friser. It is fort the last fois. Profites-en, bonhomme… Brèfle, vous voyez ce que je veux dire.

Y a autant de cloches dans mon crâne qu’à un congrès radical.

Si le pasteur avait forcé la potion, je voyais le paradis. Ce beau paradis qui n’est pas fait pour les chiens… Men only ! Du reste, y a des moments où je me demande ce qu’ils deviennent, les bons toutous, après leur décès ? Hein ? Les gailles, avec leurs bons yeux fidèles. Les gailles auxquels tout le monde reconnaît qu’il ne manque que la parole pour être aussi c… que l’homme ! Alors ? De l’azote ? Ce que c’est moche !

Je parviens à me mettre à genoux. Je mate mon vis-à-vis. Il se masse le poing d’un air satisfait en me surveillant du coin de l’œil.

Puis il s’avance vers le téléphone et je comprends que ce marchand de félicité va me balanstiquer aux matuches !

D’accord, le copain Andy arrangera le truc, mais ça va faire du circus dans le Times Square Hotel et nous seront brûlés, mes camarades et moi. Manque de bol, je suis tombé sur un vrai pasteur ! Dans ce patelin, ils ne sont pas manchots, les moulins à prières ! Ils font tous du judo, de la boxe, du catch et du saut à la corde pour être en forme devant le démon. Avec eux, Satan n’a aucune chance. Il est out d’avance ! Pas de revanche possible ! Grand combat intersidéral de poids moyens ! Le Révérend Mac Arrony contre Kid Méphisto !

Et Méphisto mord la poussière à la première reprise. Un crochet, deux uppercuts, plus trois pater et deux versets ! Vlan ! Pif ! Paf ! Boum ! Enlevez, c’est pesé, enveloppé sous Cellophane et livré à domicile. Mac Arrony vainqueur par K.O. C’est O.K. ! Kid Stan à la sortie, sur les épaules robustes des sept péchés capitaux, ses fervents supporters !

— Allô ! dit en anglais Mac Arrony.

Je plonge d’une détente féline.

Je lui croche les lattes. Il choit en arrière et le combiné du bignou se met à se balancer au bout de son fil.

D’un geste précis, je raccroche.

Puis je fais front à mon adversaire au moment précis où celui-ci me télégraphie un direct du gauche à la tempe. J’ai un mouvement de recul, nettement insuffisant toutefois. Le marron me percute à la volée et je vois les grandes eaux de Versailles ! C’est du chouette son et lumière ! Textes de Jean Cocteau ! Musique de Robinson, avec Joe Louis à la batterie !

Mes chailles jouent des castagnettes.

Tout à l’heure, il va manquer des chaises dans ma salle à manger ! Cette beigne me révolte. Je me dis, in petto (car je parle plusieurs langues fourrées) qu’il est invraisemblable de se laisser traiter comme un paillasson par un honorable clergyman. Il a une façon de m’accorder sa bénédiction qui n’est pas catholique, ce pasteur ! Depuis Luther on n’avait jamais vu ça ! Je vais devenir protestant ! Que dis-je ! Je proteste déjà…

Dominant ma douleur, mon vertige, mes vapeurs, je me lance à l’assaut. Il m’attend, bien en garde. Alors San-Antonio retrouve ces grandes inspirations qui ont assuré sa popularité méritée 10.

Au lieu de pousser ma charge jusqu’au bout, je plonge dans les quilles du bonhomme. Je lui ai fait perdre l’équilibre une fois, y a pas de raison que je n’y parvienne pas une seconde fois. Effectivement, il part en arrière. Je ne lui laisse pas le temps d’arriver. Pour aider sa chute, il a droit à un coup de saton dans le bide qui le fait se dégonfler et verdir. Puis à un autre dans les vestibules. Il exhale une plainte ravageuse. Puis il se tortille sur le plancher, en se pitrognant le baquet.

— Faites excuse, mon Révérend, je bafouille.

Et de lui cloquer du rabe de tisane à bout portant dans les ratiches.

Ça produit un bruit de dominos mélangés et il décide à partir en reconnaissance chez Plumeau.

J’époussette mon falzar et je vais jusqu’à la lourde vérifier si l’étage est tranquille. Il l’est !

Je donne un tour de clé et je reviens à mon client. Pour commencer, je lui chauffe son larfeuil. Dedans, je trouve un tas de papelards qui me prouvent abondamment que j’ai bien eu affaire à un religieux. J’en suis malade !

Pourtant, je surmonte ma répugnance et je ficelle le monsieur, de manière très classique, en utilisant pour ce faire les cordes des stores.

Puis je le traîne dans la penderie et je lui glisse un oreiller sous la terrine.

Ensuite de quoi, je vais ouvrir la valise qui excitait naguère ma curiosité. Elle est pleine de bibles.

Je dois me remuer le panier, maintenant. Quand on découvrira ce client ainsi saucissonné, ça voudra barder pour mes abattis.

Je calte en souplesse, je referme la porte et je vais balanstiquer la clé de monsieur le pasteur dans la corbeille à papier métallique fixée près de l’ascenseur.

Maintenant il s’agit de faire fissa pour explorer les autres cambuses. Je délaisse encore, provisoirement, celle de la famille O’Skon pour rendre une visite de politesse au jeune couple de Potdzobb…

Justement, ils se trouvent au même étage que le Révérend Bourrepif, ces aimables tourtereaux.

Je me dirige vers la porte 1742 et j’écoute. La chambre est silencieuse. Au lieu de descendre demander la clé, ce qui pourrait à la longue attirer l’attention du préposé, j’utilise mon Sésame.

Ça offre un inconvénient, celui de me forcer à m’accroupir. Si une femme de chambre surgit au fond du couloir à cet instant, je suis flambé. Mais depuis que j’ai assaisonné le pasteur, Dieu est avec moi.

Je pénètre dans la chambre et vite je ferme. Cette fois, manière de ne plus être surpris en flagrant délit, je mets la chaîne de sûreté. Rien de plus traître qu’une serrure. Voyez Louis XVI par exemple. Il était serrurier de second métier. Eh bien ! il s’est laissé boucler au Temple comme une reine, tout descendant de Saint Louis qu’il était ! C’est pas vrai ?

Tenez, je vous ai à la chouette aujourd’hui, je vous veux du bien. Je vais vous faire toucher du doigt ou de ce-que-voudrez une vérité. Dans la vie, y a un grand principe (également en vigueur chez les poissons), ne jamais se fier aux appâts rances ! N’ayez pas confiance en ce qui vous paraît solide, et utilisez au maxi ce qui au contraire paraît insignifiant. Par exemple, je connais un monsieur qui est devenu député le jour où il s’est acheté un chapeau. Simplement parce qu’il a su. Un petit coup à droite, un petit coup à gauche. Rien n’a plus d’importance dans la société qu’un coup de chapeau. Pourquoi croyez-vous que les hommes d’Etat se munissent d’un gibus, hein ? Ben voyons !

Faut comprendre !

Se méfier aussi des mauvaises fréquentations. Quand on en a de mauvaises étant jeune, on risque d’attraper la chtouille et quand on est vieux, une décoration !

Je procède comme précédemment, à savoir que j’explore les meubles. Ils sont rigoureusement vides ! Vous ne trouvez pas ça bizarroïde, vous autres, avec vos petites cervelles usagées ? Ces jeunes mariés qui viennent jouer le grand air du « Fignedé » dans un hôtel sans avoir de bagages ? Je veux bien que pour se prouver sa flamme on n’a pas besoin de matériel annexe, mais quand même.

Les placards aussi sont vides. Décidément, les clients du Times Square n’ont pas l’air de s’encombrer…

Je déhote sur cette déconvenue. A quoi bon perdre son temps ?

Après une vague hésitation, je m’approche des ascenseurs. Justement, un négro aux tifs aplatis ouvre la lourde pour laisser passer un couple de gros Portoricains gras comme des beignets refroidis.

— Up ? me demande le liftier.

— No, down !

— O.K.

V’là comment on s’exprime aux U.S.A., les aminches ! Econocroques de mots ! La salive est ainsi tenue en réserve pour le collage des timbres.

Je descends une fois de plus à la réception et je m’adresse à un grand jeune homme blond qui ressemble à un lapin qui se prépare à léguer sa peau à un marchand de fourrures rares.

— Mister Potdzobb, please ? Room number 1742…

Il opine.

Puis il va vérifier dans le registre.

Lorsqu’il revient, il m’explique que Mister and Mistress Potdzobb sont repartis, ayant reçu un appel téléphonique leur apprenant la mort subite d’une parente !

Crotte d’arabe ! c’est bien ma veine ; j’arrive à la bourre ! C’étaient eux les pieds nickelés que nous cherchions. Ils ont piqué le collier du clébart et se sont tirés…

Très accablé, je remonte dans nos appartements afin de tenir un conseil de guerre avec mes éminents collaborateurs.

Je trouve Pinaud couché sur le lit voisin de celui de Béru. Les deux équipiers dorment comme des petits amours joufflus.

Je les réveille en employant la méthode la plus radicale, c’est-à-dire en renversant leurs matelas.

Lorsqu’ils ont cessé de gémir, je les bouscule.

— Vite, les enfants, on déménage.

— Pourquoi ?

— Je viens de me livrer à des voies de fait sur la personne d’un honorable clergyman et il faut décarrer de la taule avant qu’on l’ait découvert… Préparez-vous, je descends payer les chambres. Surtout n’oubliez pas les valises…

Je cligne du lampion pour le père Pinaud.

— Tu vois ce que je veux dire ?

Dix broquilles plus tard, nous sommes dans la rue, munis de nos trois minables valises, dont l’une contient un chien crevé. C’est peu pour partir en guerre contre une bande de malfrats internationaux.

Pour un coup foireux, c’est un coup foireux. Nous sommes baveaux tous les trois, ahuris, froissés, meurtris. Moi avec un bleu à la tempe, Béru avec de la sauce tomate sur sa cravate et Pinaud avec sa moustache pareille à une balayette de gogue usagée.

Plus la carcasse du chien, j’oubliais…

— Où on va ? demande le Gros.

— Pour commencer, il faut se débarrasser du chien. Ensuite nous emménagerons dans un autre hôtel…

— Et après ? fait Pinuche, lugubre comme un mec éveillé par la maison Deibler et Fils à quatre heures du matin.

— Après, comme avant, je t’em…, Pinaud !

Il secoue la tête.

— Venir à New York pour me faire insulter !

Son désarroi me va droit au cœur mais épargne mon visage. Je lui claque les reins.

— Nous sommes en plein pastaga, tu le vois bien. A quoi ça rime de nous charger de mission dans ce pays qui possède une police dix fois supérieure à la nôtre ?

— D’autant plus que nous avions réussi dans notre mission, renchérit le Gros.

— Exactement. On va passer pour des truffes, voilà tout. Je me demande ce que le Vieux avait dans le crâne pour mettre cette combine au point ! Il nous prend pour des surhommes, ma parole !

— Tu sais comme il est cocardier, fait Pinuche. Il voudrait que nous donnions une leçon aux poulets d’ici…

Il a mis dans le mille. Le chef a obéi à ce mobile, exactement ! Il a voulu nous piquer au jeu…

Nous parcourons quelques mètres sur la Huitième avenue. C’est une voie large et grouillante, assez populacière. Il y a des bars obscurs, pleins de pétasses tout le long des trottoirs… Nous la remontons sans savoir où nous allons, jusqu’au Madison Square.

Béru qui coltine le chien mort sue sang et eau.

— Dis, tu pourrais nous offrir un bahut !

— Il faut d’abord larguer Médor.

— Où je le mets ?

— Attends, il y a comme une impasse, là, on pourrait le laisser dans un coin ?

Nous jetons un regard meurtri dans cette zone crassouillarde. Un vieux nègre à barbe grise, au bitos de feutre verdi, est accroupi contre le mur et compte de la monnaie dans sa paume en sébile.

— Impossible, murmure Pinaud, le bougnoule nous repérerait…

Nous parcourons encore une centaine de mètres. Nous voilà la hauteur de la 47e rue. Bérurier est exténué.

— Je fais cadeau de cette valoche au premier venu, je vous avertis, fulmine-t-il en essuyant les ruisselets de sueur qui ennoblissent son beau visage d’intellectuel fatigué.

— Un coup de courage, Gros, on va arriver.

— Où ?

— Dans un endroit propice…

Je lui prends le bras.

— Tiens, le voilà !

A droite, je vois l’immeuble imposant de la gare routière des Greyhounds. De magnifiques cars bleus arrivent ou repartent. Une population nombreuse s’y presse.

— Tu sais ce qu’on va faire ?

— Vas-y !

— Mettre la valoche à la consigne. Y a des casiers fermés qu’on peut louer moyennant vingt-cinq cents, c’est l’idéal…

Nous parvenons dans le hall bruyant. J’avise, à gauche, des coffres blindés. Je glisse une pièce d’argent dans la fente indiquée et une clé me tombe devant le nez. J’ouvre le coffre, j’y fourre la sacrée valise et je referme.

— Bon, nous voilà débarrassés. On va pouvoir aviser…

En sortant, je bigle la file de taxis en attente. Je fais signe à l’un d’eux, mais le chauffeur me dit qu’il faut se mettre en queue des gens qui attendent. Ceux-ci étant fort nombreux, je n’ai pas la patience d’obtempérer.

— On va filer à pince, dis-je à mes assistants.

Mais un bahut stoppé tout en bout de file déboîte et s’avance d’une allure de maraude vers nous.

Le chauffeur est un petit vieux à lunettes cerclées d’or au naze en bec de rapace.

— Où voulez-vous aller ? me demande-t-il.

— Nous cherchons un hôtel confortable.

— Près de Central Park, O.K. ?

— Si vous voulez…

Inutile de vous dire que ces échanges de vues se sont effectués dans un anglais petit nègre.

Nous grimpons et nous nous répandons sur le siège arrière. Pinaud regarde la licence du chauffeur fixée au dossier de la première banquette, ainsi qu’il est d’usage en Amérique.

On y voit la bouille du gnace et son nom s’y étale en gros caractères : Isaac Rosenthal.

— Tiens ! un Breton ! fait Bérurier, lequel a la plaisanterie plutôt conventionnelle, vous le savez.

L’Isaac nous entraîne dans une démaranche record. On est littéralement cloué au dossier de notre siège.

— Il va nous tuer, soupire Pinaud.


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